L’eau, l’air, la vie : la forêt !

La forêt française a doublé de surface depuis 200 ans. Elle a notamment augmenté de 21% en surface et 50% en volume depuis 1985 grâce à la gestion durable initiée par l’ordonnance de Colbert en 1669. Depuis ces 10 dernières années, on observe un phénomène de ralentissement. Nous faisons face à un facteur de dépérissement dû au dérèglement climatique dont il faut tenir compte.

État des lieux

La surface de la forêt en France occupe plus d’un quart du territoire soit 17,3 millions d’hectares, 31 % de la surface hexagonale. C’est l’occupation du sol la plus importante après l’agriculture qui couvre plus de la moitié de la France métropolitaine. Les trois quarts de la forêt française métropolitaine (13 millions d’hectares) appartiennent à des propriétaires privés. La forêt publique représente donc un quart des forêts métropolitaines et se répartit entre les forêts domaniales (propriété de l’État, 1,5 million d’hectares), et les autres forêts publiques (essentiellement des forêts communales, 2,8 millions d’hectares). Parmi les quelque 190 essences recensées dans les forêts françaises, les chênes Sessile et Pédonculé représentent 23% du volume forestier.

L’impact climatique

Le réchauffement climatique aujourd’hui n’est pas sans conséquences sur nos forêts. Il est un phénomène durable qui s’inscrit dans le temps et avec lequel il faut composer. Températures plus chaudes, sécheresses plus fréquentes que par le passé sont les principales manifestations de ce dérèglement. Dans les faits c’est un ralentissement global de la croissance des arbres, le dépérissement, la prolifération d’insectes ravageurs comme les scolytes, les feux, les tempêtes qui mettent en danger les forêts…
Tous les territoires sont plus ou moins touchés. Toutes les essences sont concernées, feuillus et résineux. Les plus exposées étant celles qui ont le plus besoin d’eau. En exemple, le chêne pédonculé résiste mal aux périodes de sécheresses estivales et apparaît aujourd’hui moins bien armé que le chêne sessile pour résister aux phénomènes de dérèglement climatique. Selon l’ONF, « l’une des conséquences majeures est que les principales essences de la forêt française seront de moins en moins adaptées à leur zone de présence actuelle. La seule régénération naturelle ne suffit pas ».
Toujours selon l’ONF, « les mécanismes d’adaptation naturelle sont au moins dix fois trop lents au regard de la rapidité prévisible d’évolution du climat ». L’avenir de nos forêts est donc, pour partie, de notre responsabilité. Il en va de la préservation de ses fonctions si utiles à la planète et à la société.

La main de l’homme

L’intervention de l’homme dans la gestion de la forêt, ça ne date pas d’hier. Dès l’Antiquité, il y a trace de son intervention. En France, c’est notamment à Colbert
et son ordonnance de 1669 que l’on doit les premières mesures, généralisées à tout le territoire, de gestion durable de la forêt*. Une ordonnance prise en réponse
à une déforestation massive due, entre autres, à la production de charbon de bois et pour répondre durablement aux besoins de la marine royale. Depuis, l’homme n’a cessé d’accompagner l’accroissement de la forêt, de l’aider à grandir, à se régénérer, de permettre aux arbres d’arriver à maturité. Entretien, coupes, éclaircissements… sont des actes quotidiens, nécessaires, voire indispensables, pour la croissance des arbres qui ont besoin d’eau, de lumière pour grandir et subvenir aux besoins sociétaux et environnementaux.
Une gestion forestière qui répond à des exigences diverses liées aux fonctions de la forêt : protection de l’environnement, accueil du public (ONF) et production de bois. La forêt et le bois ce sont plus de 400 000 emplois en France. De la sylviculture aux première et deuxième transformations en passant par l’exploitation forestière, ces emplois sont ancrés aux territoires et participent à son développement.

Les forestiers à l’œuvre depuis plusieurs décennies

Face au temps long de la régénération et l’adaptation naturelle, les forestiers accompagnent la forêt face aux changements climatiques avec la diversification
des essences. Ils privilégient la régénération naturelle partout où cela est possible, là où les sols peuvent retenir suffisamment d’eau pour que les essences en place puissent continuer à se développer. Cela ne suffit pas. Les forestiers aident la forêt en plantant des arbres. Mais pas n’importe lesquels. Des essences d’arbres moins consommatrices d’eau, plus résistantes aux fortes températures et qui permettent de répondre aux besoins de la société (construction,
ameublement, etc.). Le travail des forestiers est en constante évolution. Ils ne se contentent pas de penser aux seuls choix d’essences d’arbres à planter. La
résilience des forêts, c’est-à-dire sa capacité à absorber, à supporter des perturbations externes, prend en compte la protection des sols, de l’eau, la préservation des espèces, l’équilibre gibier-forêt, la gestion des risques naturels… La forêt, les forestiers la considèrent dans sa globalité, dans son environnement, dans sa zone d’implantation afin qu’elle puisse continuer à remplir ses fonctions, et que nous puissions léguer aux générations futures une forêt en bonne santé.

Forêts utiles

La forêt nous aide à respirer. La forêt, c’est le deuxième puits de carbone après les océans. La forêt a besoin de CO2 pour croitre. Grâce à une croissance active,
elle absorbe et stocke le CO2 et rejette de l’oxygène, elle contribue à lutter contre l’effet de serre et le réchauffement climatique**. Les arbres vivants séquestrent
progressivement le carbone dans leurs troncs, leurs branches, leurs racines, leurs fruits, leurs feuilles… Les effets sont durables dans le temps puisque le CO2 reste stocké dans un arbre, de la germination de la graine jusque dans les produits issus du bois. Chaque année, la forêt française absorbe en moyenne 50 millions de tonnes de CO2 (8 milliards à l’échelle de la planète). Elle joue également un rôle important dans la préservation de la biodiversité. Elle abrite une multitude d’espèces animales et végétales, en surface comme en sous-sol, qui ont besoin les unes des autres pour vivre. La forêt, c’est aussi un puissant régulateur naturel qui protège les sols contre l’érosion, constitue des réserves stables d’eau en retenant et filtrant les eaux de pluies. Elle limite les risques d’inondation en retenant une grande partie des eaux. Vous l’aurez compris, la forêt est un allié précieux qu’il nous appartient d’entretenir et de protéger. C’est le rôle dévolu à l’ONF qui gère les forêts publiques (domaniales et communales) ainsi qu’aux coopératives forestières et aux experts forestiers, qui interviennent sur le domaine privé.

*Le principe même de la gestion durable c’est prélever moins de volume de bois que la production biologique annuelle en forêt. En France, la récolte annuelle de bois est d’environ 37,5 millions de m3, c’est moins de 50% de l’accroissement annuel de la forêt. La gestion durable des forêts a plusieurs
objectifs :

  • Accélérer sa croissance pour séquestrer plus de CO2 et répondre aux besoins de la société (fourniture en bois)
  • Compenser le dépérissement
  • Favoriser une adaptation des essences plus rapide au dérèglement climatique

**1 m3 de bois (la matière sèche) permet de stocker une tonne de CO2.
1 barrique permet de stocker 100 kg de CO2.
La forêt joue un rôle crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique en captant les émissions de CO2 grâce à une croissance dynamique et à des produits en bois permettant de stocker le CO2 durablement. Aujourd’hui, la croissance de la forêt en France reste supérieure aux prélèvements et au dépérissement.

Photographie © Christophe Deschanel

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